The View from Here: Port de Toulon, France

STORY AND PHOTOS BY CATHERINE RICOUL
ENGLISH TRANSLATION BY KAMI L. RICE

 

In this new series, we’re offering you a little window onto life in one corner of the world or another. Enjoy peeking through the curtains with us!

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Les pointus font fi du temps. Ils sont là, paisiblement amarrés au port, comme de vieux chiens dociles qu’on laisserait quand même attachés, des fois qu’ils auraient soudain envie de prendre le large.

Ils pavoisent de leurs couleurs passées mais sans grand pavois. C’est le soleil de fin d’après-midi qui réchauffe leurs coques fatiguées. Et c’est la mer-miroir qui les renvoie briller au milieu du ciel bleu tandis que les nuages épars leur dessinent des moutons sur la mer d’huile autour d’eux.

Rien ne bouge, pas un souffle de vent, pas de chuintement de bouée, ni de clapot, pas de grincement d’amarres. Les bateaux restent à quai, sages et immobiles mais ils rêvent pourtant de leur prochain départ, au petit matin…

Les filets repris à la main sont pliés comme de la dentelle précieuse et les bouées ont été ramenées sur le pont encombré.  A terre, les cafés du port servent les premiers cafés aux clients qui suivent des yeux la flottille qui s’en va dans un petit panache de fumée et dans le toussement régulier des moteurs. Les goélands croisent déjà dans le ciel et savent déjà où les pointus s’en vont poser leurs filets.


The pointus, these small traditional Mediterranean fishing boats with their pointed fronts, stand against time. They’re here, peacefully moored to the port, like docile old dogs that owners leave tied up anyway, just in case they suddenly get it into their heads to take off on an adventure.

They show off their faded colors, though they’re flying no nation’s colors in the form of grand flag or pennant. It’s the late afternoon sun that warms their tired hulls. And it’s the mirror-sea that causes them to gleam in the middle of a blue sky while scattered clouds draw whitecaps on the calm sea around them.

Nothing stirs, not a breath of air, no whistling of buoys, no lapping water, no creaking mooring lines.

Well-behaved and unmoving, the boats rest at the quay, but they’re dreaming of their next departure, early in the morning….The nets, resewn by hand, are folded like precious lace, and the life preservers lie collected again on ships’ cluttered decks. On land, the port’s cafés serve the first coffees to customers whose eyes follow the flotilla as it leaves the port in a little plume of smoke and with the steady purr of motors. The seagulls are already crossing the sky and already know where the pointus are going to drop their nets.


CATHERINE RICOUL

CULTURE KEEPER

 

Catherine Ricoul aime les bords de mer et ceux des fleuves et elle arpente les marges, celles des villes surtout ou celles glacées du Grand nord. Carnets, journaux de bord, et installations ont été les premiers objets artistiques issus de ces expériences. Puis elle a commencé un travail de films documentaires à Berlin, ville où elle vit plusieurs mois par an. Depuis 2012, via le projet «Berlin à contre-courant» , elle observe et filme les marges de Berlin, celles de son fleuve au travers des portraits de Berlinois les ayant investis, les projets de campements «pirates», de radeaux construits «avec les moyens du bord» et elle analyse ainsi comment des énergies, collectives ou individuelles, se réapproprient ou recréent des espaces pas encore confisqués par la ville en développement.

Catherine Ricoul is a French visual artist in collage and photography who lives and works in Marseille, France, and Berlin, Germany. As a visual artist, she chose to become a documentary filmmaker after several years in Berlin where she witnessed the transformations of the city that are still ongoing. She decided to film these urban, ecological, and social changes to show how people manage their “right to the public space” and their will to live their dreams in a sustainable way. Learn more about the resulting multilingual, interactive project, Berlin à contre-courant, here.