STORY AND PHOTOS BY CATHERINE RICOUL
ENGLISH TRANSLATION BY KAMI L. RICE
Last year the Belle de Mai neighborhood of Marseille, France, gained a garden. Residents are working together to cultivate new life in ground that had lost its former glory. Thanks to our contributor Catherine Ricoul, one of forces behind the garden, we get to meander through Jardin Levat as it dissolves (think film editing terms) from one season to the next.
Un couvent au cœur de Marseille a fermé ses portes. Un jardin commence alors à ouvrir les siennes aux habitants du quartier alentour. Derrière les murs, le jardin créé par les sœurs parties vivre ailleurs va peu à peu devenir un jardin partagé.
Premières impressions : Pousser la porte du jardin, y déceler un reste de bleu, avant d'avoir l'œil enverdi par le grand pré. Faire le tour de ce jardin immense, le mesurer du regard jusqu'à la ligne du ciel, et retour.
Octobre : L'automne arrive doucement mais le soleil finit de mûrir les potirons et les coings… L'herbe reverdit par endroits après le cagnard de l’été. Un mercredi comme les autres depuis l’ouverture du jardin, des enfants sont venus jouer au ballon et des grands profitaient de l'ombre des arbres pour s'alanguir. Des habitants du quartier se sont retrouvés pour imaginer le jardin de demain, d'autres avaient rendez-vous pour un premier apéro d'automne avant que les jours raccourcissent… Des rires ont fleuri dans le carré du yoga du rire et ravi les oreilles des "fainéants" qui fainéantaient avec bonheur sur un bout d'herbe… Voilà, c'est ça le jardin Levat, un jardin ouvert et inclusif, un jardin pas comme les autres : notre jardin.
Novembre : Dans le ciel, pris dans le filet des branches des platanes, le poisson rouge de la fontaine nage dans les reflets… Le jardin commence à changer de couleur… Vert pâle, jaune, orangé, mauve délavé de la glycine réchauffent le bleu du ciel. Les figuiers sont nus et griffent le ciel jusqu'à déchirer les nuages.
Décembre : L'automne s'en va dans une dernière envolée de feuilles presque mortes et l'hiver prend sa place avec un ciel gris de neige. Quelques visiteurs font le tour du jardin, marchent en silence et observent les arbres, leur tronc, ceux des oliviers, des lauriers, des figuiers… Nous, moi, assise sur le banc moussu je rêve déjà au futur potager tandis qu'on arpente la terre humide. Mon regard se perd sur les crêtes des toits rouges des rues avoisinantes et je sais combien ce jardin au coeur de la Belle de mai est précieux. C’est le jardin de décembre et toutes ses promesses de printemps.
Début février : Le vert de l’herbe et le bleu du ciel sont au rendez-vous en ce dimanche. Sur les bancs, gâteaux et thé chaud, la bonne humeur des voisins s’entend comme celle des oiseaux : aujourd’hui, 4 février, un jardin partagé est né ! A vos bêches !
Mi-mars : Il y a des jours de printemps où, le matin, l’hiver fait son baroud d’honneur en envoyant des pelletées de flocons, en gros morceaux de ouate qui se déchirent dans le silence des rues. Et puis midi arrive : le printemps met le holà à cet effronté hiver et disperse sans façon toute trace de son passage. Et à l’heure de la sieste, l’herbe, jeune et verte à souhait, mouille nos chaussures alors qu’on s’approche des cerisiers et des cognassiers en fleurs. Et sur le bleu du ciel, profond comme un bleu du sud, les branches fleuries s’étalent dans leur fugace beauté.
While a convent in the heart of Marseille (the Levat Convent) has closed its doors, a garden is beginning to open its doors to the inhabitants of the surrounding neighborhood. Behind the walls, the garden created by these sisters who left it to live elsewhere is becoming a community garden.
First impressions: Push open the garden door with its lingering hints of blue before your eye is engulfed by the green of a huge field. Walk around the garden exploring its vastness and taking stock of it all the way to its skyline. And then return.
October: Autumn arrives softly while the sun finishes ripening the pumpkins and quince fruits. Here and there, grass refinds its green after being ravaged by the hot Provencal summer sun. On a Wednesday like every other Wednesday since the garden opened, children have come to play with balls, and grownups lounge in the shade of trees. Some neighborhood residents have gathered in order to imagine their future garden; others have gathered for the first aperitif of fall before the days get too short. Laughs ring out from the Laughter Yoga corner and delight the ears of the “slackers” who laze happily on a bit of grass.
And there you go: This is the Levat Garden. It is open and inclusive. It is a garden unlike any other. And it is our garden.
November : The fountain’s goldfish swims in the reflections of a sky captured in a net made of plane tree branches. The garden has started changing colors: light green, yellow, orangey, and the faded mauve of wisteria warm the sky’s blue. The fig trees are naked, and they scratch the sky, ripping the clouds.
December: Autumn takes off with a last flight of nearly-dead leaves, and winter replaces it with a gray sky the color of snow. A few visitors wander the garden, walking in silence while they observe the trees, their trunks, the trunks of olive trees, bay trees, fig trees. Seated on a mossy bench, I am already dreaming of our future vegetable garden while we survey the moist earth. My glance catches on the ridges of the red roofs of the neighboring streets, and I know how very precious is this garden in the heart of this Belle de Mai neighborhood. This is the garden in December, with all its promises of spring.
Early February: This Sunday the green of the grass and the blue of the sky are hanging out together. On the benches, cakes and hot tea. The neighbors cluster together in high spirits like a flock of chatty birds. Today, February 4, a community garden is born! Take up your spades, everyone!
Mid-March: There exist spring days where winter makes its last stand in the morning by sending shovelfuls of snowflakes, like big pieces of cotton that seem to tear each other apart as they fall in the silence of the streets. Then noon arrives, and spring puts a stop to this cheeky winter by disrespectfully removing all signs that it was there. At afternoon naptime, the grass, young and as green as ever one could wish for, wets our shoes as we approach the flowering cherry and quince trees. Against the deep blue sky of southern France, these blossoming branches show off an ephemeral beauty.
CATHERINE RICOUL
CULTURE KEEPER
Catherine Ricoul aime les bords de mer et ceux des fleuves et elle arpente les marges, celles des villes surtout ou celles glacées du Grand nord. Carnets, journaux de bord, et installations ont été les premiers objets artistiques issus de ces expériences. Puis elle a commencé un travail de films documentaires à Berlin, ville où elle vit plusieurs mois par an. Depuis 2012, via le projet «Berlin à contre-courant» , elle observe et filme les marges de Berlin, celles de son fleuve au travers des portraits de Berlinois les ayant investis, les projets de campements «pirates», de radeaux construits «avec les moyens du bord» et elle analyse ainsi comment des énergies, collectives ou individuelles, se réapproprient ou recréent des espaces pas encore confisqués par la ville en développement.
Catherine Ricoul is a French visual artist in collage and photography who lives and works in Marseille, France, and Berlin, Germany. As a visual artist, she chose to become a documentary filmmaker after several years in Berlin where she witnessed the transformations of the city that are still ongoing. She decided to film these urban, ecological, and social changes to show how people manage their “right to the public space” and their will to live their dreams in a sustainable way. Learn more about the resulting multilingual, interactive project, Berlin à contre-courant, here.